Ce qui distingue le druide du seul érudit

Chères Sœurs, Chers Frères, Chères Amies, Chers Amis,
Cela faisait longtemps que je n'avais pas publié de texte à visée informative. Malheureusement, au vu de ce que nous voyons et entendons aujourd'hui, une question revient souvent : au fond, à quoi sert l'enseignement pour devenir Druide ?
Est-ce qu'il suffit de lire quelques livres ? De connaître les Dieux celtiques par cœur ? Non, bien sûr que non. Si c'était le cas, alors nos brillants linguistes et traducteurs, dont le savoir est immense, suffiraient à faire vaciller bien des personnes qui se prétendent Druides aujourd'hui.
Le Druide ne s'improvise pas. Il se forge. Par décret d'initiative, l'aspirant se place volontairement sur le chemin de la Connaissance, non pour satisfaire une curiosité vaine, mais pour assumer une charge : celle de comprendre, de transmettre, de servir.
Trois quêtes, trois chemins, trois exigences fondent l'édifice initiatique.
La première est la quête du savoir, fondée sur l'étude rigoureuse des sciences traditionnelles : mythologie, histoire, science vatique. Le Druide n'ignore pas les récits antiques ; il les analyse, il les structure, il en tire les leçons. Il n'est ni fabuliste ni croyant naïf, mais gardien d'une mémoire structurée, d'un savoir ordonné. Il connaît les cycles des peuples, la parole des bardes, les présages des siècles. Son intelligence est armée de lecture, de méthode, de recul.
La deuxième quête est celle de la connaissance des puissances : les Dieux et les Déesses, les Dieux oubliés de notre culture, les Celtes, les forces agissantes du cosmos. Le Druide ne les prie pas à la manière des dévots, mais les connaît par le rite, l'observation et la fidélité. Il les nomme avec justesse, les sert sans les flatter, les honore sans les soumettre. Il sait que l'homme n'est rien face aux lois cosmiques, mais qu'il peut entrer dans l'ordonnance des choses, y trouver sa place, et y rendre son service.
La troisième quête est la plus austère : celle de la maîtrise de soi, de l'élévation morale, de la quête de sagesse. Le Druide ne cherche ni pureté illusoire ni image publique, mais la rectitude intérieure, le discernement, et le dépouillement des illusions. Il affine son caractère, maîtrise sa langue, gouverne ses impulsions. Car la parole du Druide doit porter poids, et ses choix doivent être exempts de passion stérile.
Ces trois quêtes : savoir traditionnel, science des puissances, discipline intérieure, ne sont pas des options, mais les piliers de l'initiation. Celui qui les suit sans relâche devient peu à peu maître de lui-même, maître des éléments et en accord avec ses valeurs. Il ne devient pas surhomme : il devient homme droit, debout entre la pierre et l'étoile, entre la mémoire des anciens et les responsabilités du présent.
C'est là le véritable sens du chemin druidique : non une fuite du monde, mais une manière rigoureuse de s'y tenir.
La fonction du Druide, au-delà d'être un savant et d'être en symbiose avec les puissances qui maintiennent le cosmos en équilibre, les Dieux et les Déesses, est aussi de transmettre, afin de faire perdurer une voie d'équilibre qui pousse l'humanité à s'élever et à devenir meilleur.
Les Druides d'aujourd'hui sont-ils sages ?
Non. Les véritables sages appartiennent aux âges révolus (cf. Diodore de Sicile), mais leur exemple demeure. Le devoir du Druide est de tendre vers cette sagesse, non de s'en proclamer détenteur. Il avance, chaque jour, par l'étude, la discipline, et la fidélité à l'Ordre.
Détient-il la vérité absolue ?
Non. Seuls les ignorants ou les fanatiques s'en croient investis. Le Druide, lui, cherche sans relâche. Il doute, il questionne, il affine ses connaissances à la lumière des cycles, des textes et de l'expérience.
Le Druide sait-il tout ?
Non, car nul ne le peut. Mais il est appelé à devenir savant, à connaître les mythes, les lois, les langues, les rituels, l'histoire et les correspondances. Tous les Druides doivent être des savants, mais tous les savants ne sont pas Druides. Il y a dans la fonction druidique une exigence d'élévation par le savoir et de maîtrise par le discernement.
Est-il humaniste ?
Oui, mais non par anthropocentrisme. Le Druide est humaniste parce qu'il connaît les lois du microcosme et du macrocosme. Il sait que l'homme est à l'image de l'univers, et que comprendre l'un, c'est approcher l'autre. Aimer l'homme, pour le Druide, ce n'est pas le mettre au centre, mais le replacer dans l'ordre du Tout. Il aime l'humanité en tant qu'expression vivante du cosmos, et il œuvre à son élévation parce qu'elle est liée à celle du monde.
Ainsi, le Druide est un pont : entre savoir et silence, entre Terre et Ciel, entre la mémoire des anciens et l'avenir des vivants.
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Gwengarv (Uindocaruos)