L'Awen, berceau de mon destin

27/10/2025

Trois fois, le vent m'a fait plier,
Trois fois, la pluie m'a consacré,
Trois fois, le feu m'a révélé.

Les monts gardaient l'ombre du monde,
La source pleurait l'onde profonde,
Et tout vibrait… sous la seconde.

J'ai vu la brume épouser l'eau,
Le cerf veiller, depuis son haut,
Et la forêt battre… en écho.

J'ai lu la loi dans la rosée,
La paix dans la pierre déposée,
Et la vie… dans l'acte osé.

Les Triades guidaient mon pas —
Trois vérités… trois voies… trois lois :
Ce qui fut, ce qui est, ce qui croîtra.

Trois dons élèvent l'âme claire :
Le Silence, l'Amour, la Lumière,
Et l'Espoir… gardien des prières.

Trois fautes perdent le cœur fier :
L'Orgueil, la Peur, et la Colère —
Ombres dressées… contre la lumière.

J'ai servi l'ordre et la balance,
Où l'homme agit, le Dieu commence,
Et tout s'unit dans l'alliance.

Les Dieux ne veulent ni prosternés,
Ni cœurs soumis, ni mots feignés —
Mais des âmes droites, éveillées.

Ils sont le Souffle, nous la chair,
Ils sont la flamme, nous la Terre,
Et le lien vit de la prière.

Servir les Dieux, c'est se connaître,
Servir les hommes, c'est renaître,
Et tout offrir sans rien promettre.

J'ai embrassé la Voie des Druides,
Loin des fastes, loin des chimères vides,
Près du vent… des sources intrépides.

Et dans le souffle du matin,
J'ai senti couler dans mes mains…
L'Awen, berceau de mon destin.

/I\
Gwengarv (Uindocaruos)


NB. Le mot feigné a existé ; il relève d'un état ancien de la langue : on le trouve dans le français médiéval et encore, sporadiquement, jusqu'au XVIᵉ siècle. A cette époque, feindre coexistait avec des formes comme feignier, et son participe pouvait se rencontrer sous les variantes feint, feing ou feigné - cette dernière venant de l'ancien participe latin fingĭtus via feingné. Au XVIIᵉ siècle, l'usage se fixe sur feint qui s'est imposé par analogie avec les participes en -t des verbes de même modèle (craindre → craint, peindre → peint, joindre → joint).