Que les Dissensieux se jettent au chaudron !

13/11/2025

Que tous les Epnessenoi (sing. Epnessenos) se jettent au chaudron !... Gaulois restitué pour Evnissyen. Cf. Mabinogion, éd. de l'Arbre d'Or, trad. Joseph Loth, second Mabinogi, Branwen, fille de Llyr :

« On fit [en Galles, à Matholwch, roi d'Iwerddon/Irlande] bon accueil, et il y eut cette nuit-là un grand rassemblement formé par ses troupes et celles de la cour. Dès le lendemain on tint conseil, et il fut décidé qu'on donnerait Branwen à Matholwch [Branwen, fille de Bendigeit Vran, soit Bran (Corbeau, Chef) le Bienheureux, roi de Galles, frère de Llyr]. C'était une des trois premières dames de cette île, et la plus belle jeune fille du monde. On convint d'un rendez-vous à Aberffraw où Matholwch coucherait avec elle. On se mit en marche, et toutes les troupes se dirigèrent vers Aberffraw, Matholwch et les siens par mer, Bendigeit Vran et ses gens par terre. »
« Une après-midi, [Bendigeit Vran] se trouvait à Harddlech, en Ardudwy [comté de Gwynedd, qui sonne comme le Gywnfydd, ou "monde blanc"], qui lui servait de cour, assis au sommet du rocher au-dessus des flots de la mer, en compagnie de Manawyddan, fils de Llyr, son frère, de deux autres frères du côté de sa mère, Nissyen et Evnissyen, et, en outre, de beaucoup de nobles, comme il convenait autour d'un roi. Ces deux frères [Nissyen et Evnissyen] étaient fils d'Eurosswydd, mais ils étaient de la même mère que lui. Penardim, fille de Beli [Beli Mawr, équivalent du Dagda : époux de Modron, équivalente de (D)Ana], fils de Mynogan. L'un de ces jeunes gens était bon ; il mettait la paix au milieu de la famille quand on était le plus irrité : c'était Nissyen. L'autre [Evnissyen] mettait aux prises ses deux frères quand ils s'aimaient le plus. »
« Le lendemain, tous les gens de la cour se levèrent ; les officiers commencèrent à s'occuper du partage des chevaux [en cadeau aux Gwyddyl/Irlandais], de concert avec les valets ; ils les distribuèrent de tous côtés jusqu'à la mer. Sur ces entrefaites, un jour l'ennemi de la paix dont nous avons parlé plus haut, Evnissyen, tomba sur le logis des chevaux de Matholwch [...] Aussitôt il fond sous les chevaux, leur coupe les lèvres au ras des dents, les oreilles au ras de la tête, la queue au ras du dos ; s'il ne trouvait pas prise sur les sourcils, il les rasait jusqu'à l'os. Il défigura ainsi les chevaux, au point qu'il était impossible d'en rien faire. »
« Evnissyen entra avant la troupe de l'île des Forts [brythonique], et jeta de tous côtés, dans la maison, des regards furieux et méchants [à la recherche des Gwyddyl/Irlandais à tuer]. »
« "Pourquoi, s'écria Evnissyen, mon neveu, le fils de ma soeur, ne vient-il pas à moi ? Ne serait-il pas roi d'Irlande, que je serais heureux d'échanger des caresses avec lui." - "Volontiers, dit Bendigeit Vran, qu'il aille." L'enfant alla à lui tout joyeux. "[...] la famille ne s'attend guère au meurtre que je vais commettre en ce moment"[, se dit Evnissyen]. Il se leva, saisit l'enfant par les pieds, et, avant que personne de la famille ne pût l'arrêter, il lança l'enfant la tète la première dans le feu ardent. [...] Chacun aussitôt de s'attaquer par toute la maison ; cette troupe dans la même maison produit le plus grand tumulte qu'on eût vu ; chacun saisit ses armes. »
« On jeta les cadavres [dans le chaudron de renaissance] jusqu'à ce qu'il fut plein. Le lendemain, ils se levèrent redevenus guerriers aussi redoutables que jamais [...]. Evnissyen voyant sur le sol les corps privés de renaissance des hommes de l'île des Forts [brythonique] se dit en lui-même : "[...] malheur à moi d'avoir été la cause de cette destruction des hommes de l'île des Forts [brythonique, à cause que j'ai déclenché une guerre avec mes exactions]. Honte à moi, si je ne trouve pas un moyen de salut." Il s'introduisit au milieu des cadavres des Gwyddyl [Irlandais]. Deux [d'entre eux] aux pieds nus vinrent à lui et, le prenant pour un des leurs, le jetèrent dans le chaudron. Il se distendit lui-même dans le chaudron [par l'effet de son propre pouvoir] au point que le chaudron éclata en quatre morceaux et que sa poitrine à lui se brisa. »

Ainsi mourut Evnissyen, en sacrifice pour les siens, après avoir trop semé la discorde entre eux, Gallois, et les Irlandais, avec ses exactions, motivé par le ressentiment... Evnissyen/Epnessenos (racine indo-européenne *hpn- pour l'hostilité, suivie de suffixes gaulois pour le dérisoire -ess- et l'originaire -enos, littéralement "le né dérisoirement de l'hostilité") : Dieu de la Discorde celtique, d'essence chaotique.

C'est "en se jetant au chaudron" que les Epnessenoi arrêtent l'hémorragie qu'ils ont eux-mêmes provoquée à cause de leurs nombreuses détorcations, traîtrises et vilenies ; c'est leur noblesse terminale, leur réhabilitation, de réaliser devoir s'y jeter... Tragédie sublime, de celui qui n'avait que rancœur pour les siens !

S'il y avait un Drucodeuos/Druos/Drugda en face du Dagodeuos/Daiius/Dagda-Beli Mawr, un Mauvais Dieu en face du Bon, ce serait, probablement, ce petit-fils (par sa mère Eurosswydd) Epnessenos/Evnissyen... où Nessenos/Nissyen serait une bonté seconde - de pur caractère.

A bon entendeur druidique contemporain.

Aiu Epnesseni Nesseni-pe !

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