Car tout ce qui fut brisé retourne au chant du ciel

01/12/2025

Et si la connaissance est fragment de lumière,
Un tesson d'infini tombé d'un astre ancien,
Un éclat recueilli par la main passagère
De l'homme qui chemine et ne sait d'où il vient.

Et si savoir n'est rien qu'un miroir en poussière,
Où chaque grain reflète un pan de vérité,
Et qu'en cherchant toujours l'image toute entière,
Nous n'effleurons que l'ombre où tout est limité.

Et si l'esprit, perdu dans le vaste labyrinthe,
Ne voit que des éclats de ce qui fut total,
Comme un peintre aveuglé qui devine une teinte
Sans jamais percevoir le tableau magistral.

Mais peut-être qu'un jour, réunissant nos bribes,
Nos doutes, nos éclats, nos visions de mortel,
Nous ferons naître enfin l'harmonie qui vibre
Et touchera le cœur du grand savoir réel.

Car fragment après fragment, la vérité s'assemble ;
Les pierres du mystère épousent un même accord.
Ainsi l'âme apprend-elle, en marchant et en tremblant,
Que chaque grain de sens est un royaume d'or.

Est-ce le devoir du Druide, au silence des chênes,
De recoller les temps, les éclats, les chemins ?
De ramasser l'instant brisé par tant de peines
Et d'en refaire un monde au creux de ses deux mains ?

Le Druide ne répare ni l'ombre ni la foudre,
Il marche, humble veilleur, au bord des vérités ;
Il sait que chaque éclat, même tombé en poudre,
Garde un souffle d'espoir, un reflet de clarté.

Il écoute les vents qui rassemblent les traces,
Il parle avec les Dieux, avec l'eau, avec l'or ;
Il lit dans les silences où le mystère passe,
Et rend au cœur humain la mémoire du fort.

Il ne recolle rien : il montre la lumière
Qui relie les morceaux sans jamais les contraindre ;
Il guide pas à pas la pensée passagère
Vers l'unité secrète que nul ne peut éteindre.

Ainsi va le Druide, à l'aube ou dans la nuit,
Gardien des fragments d'un savoir éternel ;
Son art n'est pas de faire — il est de dire : « Suis-je digne,
Car tout ce qui fut brisé retourne au chant du ciel. »

/I\
Gwengarv (Uindocaruos)