L'Âge d'or saturnien des Romains et le principe druidique

— Saturne et son épouse, Lua-Ops —
Le Dieu Saturne est un Dieu majeur des Latins archaïques, devenu « deus otiosus » (« dieu en sommeil ») sous la Rome en dehors des Saturnalia, journées carnavalesques précédant le solstice d'hiver, terminées par la victoire solsticiale du Sol Invictus (Soleil Invaincu)...
Saturne est l'époux de la Déesse Lua-Ops, Déesse morturaire de la victoire, à qui l'on offrait les armes des ennemis vaincus, mais aussi Déesse de l'abondance... On croirait entendre les Révolutionnaires français chanter la Marseillaise : « Qu'un sang impur / abreuve nos sillons ! » mais, dans un sens, c'est oraculaire, quant à la future expansion romaine.
On ne sait pas grand-chose de Lua-Ops. Plus précisément, on ne sait pas grand-chose de Lua, et l'on suppose qu'Ops lui fut assimilée par les Romains, après la période latine archaïque.
Pour les Latins et les Romains, Saturne et Lua-Ops sont ni plus ni moins, que les parents des Dieux principaux : Jupiter, Neptune, Pluton, Junon, Cérès et Vesta.
— Origine de Saturne —
Avant cela, le Dieu Saturne est probablement le Dieu pré-romain Satres : un Dieu d'origine "rasennane" (plus connue sous les noms hellène et latin de "thyrénienne, étrusque"). Ce peuple péri-indo-européen vivait en Italie du Nord, inspira les Latins, et fut progressivement absorbé par eux une fois Romains. Les Rasennans, en outre, sont apparentés aux Lusitaniens, aux Ibères, aux Ligures, aux Sardes, aux Rhètes, aux Ombriens, aux Sabins, aux Illyriens et aux Hellènes.
Des peuples plus ou moins indo-européens et afro-asiatiques, comme c'est le cas de tous les méditerranéens jusque dans la péninsule ibérique et le Sud français, de l'actuelle Bordeaux alors inexistante, à Marseille alors hellène et nommée Massalia, en passant par les liguro-ibères Toulouse et Narbonne.
Le plus remarquable, est que Saturne concorde avec le Dieu punque Ba'al Hammon, appelé « le Saturne africain » depuis le temps des guerres puniques opposant Rome à ces Phéniciens occidentaux (actuelle Tunisie) ; un Dieu qui, chez les Ibères, eut le nom hellène de Georgos (oui, Georges) signifiant « l'Agraire », et dont on retrouve aussi une forme pyrénéenne reconstituée Ergos.
Sis à côté de Jupiter et Mars, Ergos fait singulièrement figure de Quirinus, ce qui n'a rien d'étonnant, puisque l'archaïque Saturne préside obscurément à la foudre comme le romain Jupiter, et à l'agriculture comme le latin archaïque Mars, puis plus tard au romain Quirinus, alors que Mars devenait pur guerrier sous l'influence hellène...
Pour couronner le tout, l'épouse de Saturne, Ops, a probablement remplacé fonctionnellement, le latin archaïque Consus, Dieu agraire aussi, toujours fêté par les Romains durant les Consualia — mais Lua est latine archaïque.
Consus a un équivalent lusitanien Cosso, ce qui ne surprendra personne, puisque contrairement à la vulgate éculée, les Lusitaniens ne sont pas de peuplement celte mais proto-italique (épigraphie à l'appui) formant un continuum italo-ibérique par le médium des Ligures, eux-mêmes ibérisés... Ibères, fruits d'une conjonction punico-hellène. Tout se tient, si l'on veut.
Enfin, ajoutons que l'étymon de « Saturne » viendrait, sans surprise, de « satus, semailles » selon le Romain Varron, mais la recherche moderne y voit aussi une proximité avec « satis, satisfait » puisque les récoltes nous repaissent. Son assimilation hellène avec le Dieu Chronos, le Temps, se tient aussi, puisque le latin « saeculum, époque/siècle » tire son origine de la racine « sat- ».
Si Saturne « dévore ses enfants », c'est qu'il a, comme Lua-Ops, un aspect mortifère : le temps nous tue, à la longue, puisque nous sommes des mortels. Ce Dieu nous rappelle, comme toujours, à la cyclicité, jusque dans la décomposition cadavérique, qui refertilise, ou bien dans les fissions stellaires, qui différencient la matière...
Mais, si dans le mythe hellène, Chronos-Saturne finit par être renversé par son fils Zeus-Jupiter, en libérant ses frères et soeurs dévorés, cela signale bien que... les Dieux échappent au temps, et sont les Immortels.
— Quant au principe druidique... —
Saturne a la faucille pour attribut, ou bien la faux. C'est évidemment pour les récoltes. Néanmoins, la faucille n'est ni plus ni moins qu'une forme de serpe, et réciproquement. Les deux instruments servent les récoltes dans le monde agricole.
Pour les druides, la serpe sert emblématiquement à cueillir le gui, symbole de vie perpétuelle, puisqu'il ne meurt jamais, comme... le temps lui-même.
Si donc Saturne est le temps et la fécondité des cultures, voilà qu'il a un lien putatif avec le druidicat, d'autant plus qu'il correspondait à l'âge d'or des Latins archaïques avec son épouse Lua-Ops, symbole de victoire sur les ennemis, d'abondance, et donc d'éternité, latin « aeternitas », étymologiquement « aevum, énergie vitale ». Un temps moins différencié pour les Latins comme les Celtes...
Ce qui explique en outre qu'à l'époque tardive, Saturne fut associé au Dieu hellène Aiôn, mais aussi au Dieu hellène Kairos. Car Aiôn est le temps magique non segmenté, qui enveloppe le cosmos, temps divin ; tandis que Kairos correspond au moment propice, ou critique : au hasard, celui des semailles et des récoltes ; celui de la longévité du gui, et de sa coupe sur un chêne au sixième jour de la lune — selon Pline l'Ancien.
Enfin, pour l'anecdote, le dictionnaire spéculatif de celtique ancien de J. Monard, donne le celtique « Nucturos » pour « Saturne », qui sonne comme « nuxs/noxs, la nuit »... or, les Celtes sont réputés avoir aimé les jeux de mots, et la nuit est le début du lation (terme moderne scabreux : nycthémère) à savoir de « la journée celte ». La nuit, ténébreuse, est le giron d'où surgit tout épanouissement. Et l'association symbolique avec Lua-Ops est faite, qui préside aux sacrifices des armes des morts ennemis et à l'abondance.
On songe notamment, par association, au Dieu et à la Déesse celtes Dis Ater et Nantosuelta. C'est-à-dire peut-être, ni plus ni moins, pour le Dieu, que Cernunnos.
Pour l'anecdote, dans le monde germano-scanidnave, on songe aussi au Dieu Freyr qui est un Vane, Dieu primitif inférieur aux Ases. Or Chronos-Saturne, chez les Hellènes, est associé aux Titans inférieurs aux Dieux. Néanmoins, Freyr n'a pas la place panthéonique de Saturne.
Que de diabolisations chrétiennes et musulmanes le monothéisme n'infligea-t-il pas, dans sa lutte initialement judaïque contre Pharaon, les Philistins, et le pays de Gog et Magog ! Au point de faire de Saturne, sous nos latitudes, l'Ogre de saint Nicolas ! Fallut-il qu'on n'y comprenne plus rien de rien !
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Source de l'image : Stelvision - montrant trois satellites de Saturne : Titan, Mimas et Rhéa — Rhéa, qui n'est autre que le nom héllène de la Déesse Lua-Ops.
Segodanios, tiré de Diuiciacos