Laisse le temps au successeur
Laisse le temps au successeur,
Lui qui porte en lui l'ardeur,
De continuer l'œuvre tracée,
Par des mains d'hier, bienfaisantes et blessées.
Les prédécesseurs, bâtisseurs d'horizons,
Ont forgé les métaux, semé les moissons.
Leurs pas résonnent dans les sentiers ouverts,
Leurs rêves dansent dans l'air découvert.
Mais le flambeau, qu'on transmet sans bruit,
Brûle d'un feu qui éclaire la nuit.
Ce feu n'est pas fait pour dévorer,
Mais pour guider, nourrir, inspirer.
Le successeur, fragile et novice,
Écoute la voix, douce et complice.
Il n'efface pas, il prolonge la voie,
En y gravant ses propres émois.
Car l'œuvre des anciens, noble et sacrée,
Demande patience pour être héritée.
Les racines profondes nourrissent le tronc,
Mais les feuilles nouvelles chantent leur nom.
Alors laisse le temps, qu'il apprenne à son tour,
Qu'il bâtisse son monde, avec ses contours.
L'héritage est un pont entre passé et demain,
Un lien vivant qui jamais ne prend fin.
Le successeur, guidé par la mémoire,
Poursuivra l'œuvre, écrira l'histoire.
Et dans le vent, les voix des aïeux
Murmuteront : « Avance, nous sommes avec eux. ».
Mais que serait ce passage de flambeau,
Sans la sagesse qui éclaire le haut ?
Elle est l'étoile, discrète et sereine,
Qui veille en silence sur l'âme humaine.
La sagesse enseigne à ne pas effacer,
À chérir l'ancien tout en innovant le tracé.
Elle murmure au successeur hésitant :
"Apprends du passé, mais vis le présent."
Dans ses conseils se mêle une douceur,
Elle apaise les craintes, ravive l'ardeur.
Elle sait que l'avenir, pour éclore en beauté,
A besoin de racines et de liberté.
Car la sagesse, fille du temps et de l'effort,
Sait qu'un héritage, pour être plus fort,
Doit laisser place aux mains de demain,
Pour bâtir un monde unique et humain.
Ainsi le successeur, empli de respect,
Façonne son œuvre, fidèle au trajet.
Et dans son cœur, la sagesse murmure :
"Marche sans crainte, ton chemin perdure."
L'œuvre des aînés, riche et profonde,
Fusionne avec celle des âmes fécondes.
Et à leur tour, les successeurs diront,
Avec sagesse : "Voici notre leçon."
L'héritage devient un cercle parfait,
Liant le passé, le présent et l'après.
Et dans ce flux, la sagesse rayonne,
Offrant à tous le souffle qui résonne.
Qui sont les héritiers de Lugus le lumineux,
Maître des arts, des savoirs précieux ?
Ce sont ceux qui portent la flamme sacrée,
De l'esprit des Dieux, jamais oubliée.
Ils invoquent Taranis, Dieu du tonnerre,
Force juste entre ciel et terre.
Ils honorent Dagodevos, Père universel,
Source de sagesse et d'ordre éternel.
Ces héritiers marchent dans les pas d'Anna,
La grande génitrice, grand mère des Dieux,
Celle qui nourrit, celle qui lie,
La force des hommes à l'éternité infinie.
Ils sont les serviteurs de Brigantia la sage,
Déesse des poèmes, des soins et des âges.
Leur parole soigne, leur chant réveille,
Ils éclairent l'ombre d'une flamme vermeille.
Ils parlent encore des Tuatha Dé Danann,
Ce peuple divin venu des brumes d'antan.
De Naudon le Roi à sa main d'argent,
À Ogmios le poète, au verbe éclatant.
Ces hommes et femmes, aux humbles cœurs,
Sont les savants, les sages, les passeurs.
Ils ne se réclament ni rois, ni élus,
Mais sont les échos d'un temps révolu.
Ils connaissent le cosmos et ses lois subtiles,
Guidés par des forces, au-delà du fragile.
Ils servent de pont entre Dieux et humains,
Offrant leurs savoirs comme un chemin.
Ce n'est pas des noms ambigus qu'ils glorifient sans fin,
Mais Épona, cavalière des grands chemins.
Ou Liros, le maître des océans mouvants,
Et Morrigena, l'énigme, la voix des vents.
Ainsi vivent les héritiers des Druides d'autrefois,
Fidèles aux Dieux, gardiens des lois.
Ils transmettent l'héritage des siècles anciens,
Liant l'âme humaine au divin chemin.
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Uindocaruos
Image : Deux druides, d'après une illustration de Antiquitas explanatione et schematibus illustrata (Bernard de Montfaucon, 1719).
