Les Celtes ne sont pas des Aryens idéalisés

Chères Soeurs, Chers Frères, Chères Amies, Chers Amis,
Je profite de cette publication pour souhaiter de très belles fêtes à l'ensemble des communautés : joyeux réveillon, joyeux Noël et belles célébrations à toutes et à tous.
Ces derniers jours, j'ai de nouveau été la cible d'attaques racistes. Pourtant, si je suis franco-italien, j'ai également un grand-père belge et un aïeul berbère, que je n'ai jamais reniés et que je ne renierai jamais. Je suis né en Gaule, profondément enraciné dans l'héritage celtique, mais nous portons tous en nous des origines multiples.
Certains persistent à fantasmer les Celtes comme des « aryens » idéalisés : bretons ou gallois parfaits, blancs, blonds et aux yeux bleus. Cette vision est une construction idéologique, et non une réalité historique.
Je vais donc partager un poème que je ne comptais pas rendre public, car il est destiné à un recueil poétique et bardique sur lequel je travaille depuis deux ans. Ce texte exprime ce qu'est, à mes yeux, le peuple celte et son héritage.
Entre la Grande-Bretagne, la Gaule, les Celtibères et les Galates, il me semble évident que l'identité celtique ne se définit ni par la couleur de peau, ni par les cheveux, ni par les yeux.
La fraternité des peuples celtes
La Celtie n'est ni chair, ni masque, ni couleur,
Mais un souffle ancien né du lien et de l'honneur.
Elle n'eut point de race, encor moins de modèle,
Mais des peuples debout sous une loi fidèle.
En Irlande, Érin aux tertres souverains,
Les Goídels gravaient la mémoire en chemin ;
De Tara jusqu'à l'Ulster, le verbe était semence,
La loi chantée liait l'homme à la conscience.
En Calédonie, sur le granit battu,
Les Calédoniens restaient fiers et têtus ;
Face aux murs de Rome et aux armes de fer,
Ils gardèrent le pas libre et l'âme claire.
Au Pays de Galles, les Brittons du serment
Fondaient par la parole un ordre permanent ;
Le barde y portait haut la mémoire des lois,
Et le chant transmettait pour que le temps ne noie.
En Cornouailles, en Devon, aux confins de la mer,
La langue survivait dans le vent et la pierre ;
Puis vint l'exil breton vers l'Armorique en feu,
Où la Celtie s'enracina sous d'autres cieux.
En Bretagne armoricaine, au rivage salé,
Les Bretons mêlèrent leurs Dieux aux sols gaulois ;
Entre Vénètes marins et forêts d'Osismes,
La tradition vécut sans aucun dogmatisme.
En Gaule, nul bloc figé, nul peuple unique,
Mais cent noms accordés en ordre organique :
Les Arvernes puissants, dressés contre César,
Les Belges combattants, maîtres en leur art.
Les Séquanes du Jura, fils des eaux sacrées,
Les Carnutes du centre, druides assemblés ;
Les Parisii de Seine, les Bituriges forgerons,
Les Pictons, Lémovices, tisseurs de saisons.
Vers l'est, les Helvètes, contraints au long départ,
Au sud, l'Aquitaine aux langues de regard ;
Sur l'océan salé, les Vénètes hardis
Faisaient plier les flots mais jamais leur esprit.
En Ibérie, sous le soleil et la pierre,
Naquirent les Celtibères, âpres et fiers ;
Les Arévaques, Vaccéens, liés par le fer,
Unirent rite et lutte contre l'aigle sévère.
Les Lusitaniens, à l'ouest du rivage,
Tinrent tête à Rome par serment et courage ;
Viriathe grava dans le sang et la loi
Que la Celtie combat sans courber la foi.
En Italie du Nord, Gaule cisalpine,
Les Insubres veillaient sur Mediolanum ;
Les Boïens, les Cénomans, les Sénons vainqueurs
Portèrent la Celtie, l'effroi jusqu'au cœur de Rome.
Au centre de l'Europe, aux plateaux anciens,
Les Boïens de Bohême gardaient vivant l'ancien lien ;
Les Taurisques, Noriciens, maîtres des passages,
Liaient Nord et Levant par routes et usages.
Sur le Danube, enfin, les Scordisques dressés
Marquèrent l'Orient de leur pas organisé ;
Et plus loin que l'Occident ne veut se souvenir,
La Celtie sut encore se maintenir.
En Anatolie, au cœur de la Galatie,
Les Galates parlaient la langue de Celtie :
Tectosages, Trocmes, Tolistoboges unis,
Celtes d'Asie gardant l'héritage transmis.
Ainsi fut la Celtie : multiple et fraternelle,
Jamais close au monde, jamais irréelle.
Que meure à jamais l'ombre au mensonge attachée :
La Celtie n'est pas une race mais un héritage sacré.
J'attends désormais de voir ce que diront les néo-nazis — que l'on retrouve malheureusement dans certains groupes druidiques non signataires de la Charte des Druides — ou encore quelques pseudo-historiens frustrés. Je rappelle que le racisme n'est pas une opinion, mais un délit, puni par la loi de la Ve République.
Je tiens enfin à faire passer un message clair : la haine, la médisance et la discrimination sont aux antipodes de toute forme de spiritualité. Si, parmi mes contacts, certains se reconnaissent dans des idées racistes ou fascistes, je les invite à se retirer d'eux-mêmes de ma liste d'amis.
Je les combattrai avec la même détermination que je combats le charlatanisme, les sexistes,l'escroquerie et l'endoctrinement intellectuel.
Avec toute ma fraternité.

