Les Druides préconisaient-ils de « ne pas faire le mal » ?

Diogène Laërce est connu pour avoir rapporté deux choses, concernant les Druides :
- Que, avec les Mages perses, les Chaldéens babyloniens et assyriens, et avec les Gymnosophistes indiens... les Hellènes considéraient que la philosophie était d'origine barbare ;
- Que, avec les Gymnosophistes indiens, les Druides résumaient une partie de leur philosophie dans cette sentence : "Honorer les Dieux, ne rien faire de mal et s'exercer au courage."
Ce qui signifie :
- 1. Que les Hellènes, comme les Romains d'ailleurs, n'avaient pas autant de discrédit pour les barbares (ceux qui ne parlaient pas leur langue) qu'on le prétend parfois. Ils ne les discréditèrent qu'à l'occasion de leurs conflits, ce qui devait être réciproque.
Pour le reste, avec des Posidonios d'Apamée et des Hérodote, on voit bien que la curiosité dominait...
... (en dehors des quelques "nationalistes" helléno-romains qui devaient déjà exister, de même qu'il put y avait des "nationalistes" celtes ou germains. - 2. Que le comparatisme indo-européen entre Brahmanes et Druides, tient la route, au plan phylogénétique.
Mais
- 3. ce qui m'intéresse particulièrement, c'est le sens que l'on peut donner à la notion de "mal", dans "ne rien faire de mal".
Pour cela, il faut reprendre la phrase originale de Diogène Laërce :
Εὐσεβεῖν τοὺς θεούς, μηδὲν κακοποιεῖν, ἀνδρείᾳ ἀσκεῖν.
Dans cette phrase, "faire le mal" s'écrit "κακοποιεῖν", qui se décompose en "κακο" (que l'on traduit par "mal") et "ποιεῖν" (que l'on traduit par "faire").
Or, quand on ouvre un dictionnaire de grec ancien, on observe que nos traductions sont assez fautives, puisqu'elles adaptent comme elles peuvent la sentence druidique, à la morale héritée du christianisme.
- "Ποιεῖν" a aussi donné "poésie", où vous comprenez immédiatement la pauvreté de le traduire par "faire". Dans "ποιεῖν", s'entend aussi "générer, causer, réaliser". C'est puissant.
- Le préfixe "κακο", quant à lui, vient de "κακός", qu'on entend toujours dans "cacophonie" et dans "caca", eh oui. Dans "κακός", s'entend avant tout "lâche, sordide, inférieur".
"Κακοποιεῖν" signifie donc "agir vilement", ce qui est assez différent de "faire le mal", puisque "faire le mal" suppose qu'on "fait" en référence à une morale absolue, inspiré par "le mal" alors que "agir vilement" désigne bien plus "l'indignité".
En effet, toute la logique monothéiste est fondée sur la notion de repentance : elle admet donc les indignités dans la démarche, du moment que l'on prie pour notre rédemption... ce qui laisse cours à toutes les perversions dans la démarche.
Par contre, "agir vilement" est une faute qui plonge dans l'indignité : le polythéisme exhorte d'emblée à se montrer honorable, en coupant court à toute perversion dans la démarche. La démarche perverse fait partie des choses honteuses.
Le monothéiste ne connaît pas ou peu la honte. C'est pour cela qu'il préfère culpabiliser (soi-même, autrui)... c'est-à-dire avilir le monde.
Par principe, le monothéiste agit vilement aux yeux du polythéiste !...
... Entre autres : en dénigrant le corps et ses déjections, quitte à le mettre encore plus dans la merde (contrition, flagellation, etc.) en s'imaginant, pour les chrétiens notamment, "partager les souffrances du Christ" et ainsi "sauver la chair"...
On ne peut pas comprendre "le scandale de la croix" autrement, à l'époque : le Christ est vil.
__________________
Suite : Le nom du Dagda.
Segodanios, tiré de Diuiciacos

Les Druides et leurs conflits
COMOLUis, nom commun féminin : réunion houleuse, tiré du très spéculatif dictionnaire celtique de J. Monard. Mais comment vous dire que, face au commun des mortels, les Druides modernes paraissent animer une vaste, longue et grande... comoluis ? Mais comment faire comprendre, avec Héraclite, que le Feu est au Principe et que la Guerre est Mère du Devenir ?
Pour être un peu plus précis :
« Πυρὸς τε ἀνταμοιβὴ τὰ πάντα καὶ πῦρ ἀπάντων, ὥσπερ χρυσοῦ χρήματα καὶ χρημάτων χρυσός. »
Soit :
« Le feu se transforme en toutes choses et toutes choses se transforment en feu, comme l'or se transforme en marchandises et les marchandises en or. »
Et :
« Πόλεμος πάντων μὲν πατήρ ἐστι, πάντων δὲ βασιλεύς· τοὺς μὲν θεοὺς ἔδειξε, τοὺς δὲ ἀνθρώπους, τοὺς μὲν δούλους ἐποίησε, τοὺς δὲ ἐλευθέρους. »
Soit :
« Le conflit est le père de toutes choses et le roi de toutes choses : il révèle les dieux autant que les hommes, il fait des uns des esclaves et des autres des hommes libres. »
Autant vous dire que ça barde.
Voir aussi : le Dieu Áed, Ædis en gaulois restitué.
Les Druides ont-ils besoin d'être aimés ou de s'aimer les uns les autres ?
Autour du néodruidisme, les gens n'arrêtent pas de se plaindre. 😧
Il est vrai que parmi les druides modernes, ils sont peu à valoriser le reconstructionnisme archéo|historique.
Les Anglophones font allègrement commerce de leur héritage féodal :
Ce qui aurait dû être une chance, est devenu un folklore parfois rigide et souvent affairiste, au prisme des jeux vidéos (tel que celui en illustration, ci-contre).
De même, le Festival Interceltique de Lorient, qui a ses défauts et notoirement le défaut crucial pour notre réflexion, de ne pas être druidique, quoi que druidiste dans l'âme...
Or sans ce commerce, les choses ne se porteraient socioculturellement pas aussi bien.
Il faut de l'événementiel, des dates, du tout-public, comme on dit.
Puissent-ils devenir reconstructionnistes, évidemment ! 😁
Mais avant tout : même les folklores breton, gallois et irlandais – rigides ou pas selon les personnes et les milieux – sont cruciaux pour le druidisme, à commencer par sa résurgence, dès que possible, au druidisme, quand les érudits en eurent vent après l'humanisme.
Grâce à l'humanisme, une impulsion néodruidique eut lieu, quoi qu'encore fortement christianisée+franc-maçonne+folklorique dans la démarche.
Beaucoup de gens détestent cela pour non-universitaire aujourd'hui, mais c'est en partie ridicule :
Le regard rétrospectif, toujours mieux nourri au petit lait de l'archéo|historiologie, se pose ridiculement en juge.
Car qui est-il pour juger les jalons jusqu'à nos jours ?
Il n'est dépositaire d'aucune autorité spirituelle sauf peut-être post-monothéiste – donc non-druidique – jusqu'à produire des folies dédruidiques (sic)...
... et il ose accuser le druidisme de non-spirituel ! 😧
__________________
POUR LE MEILLEUR...
Là où les choses deviennent jubilatoires, c'est lorsqu'on sait que Iolo Morganwg ne fut pas le faussaire qu'on l'a fait par réputation salie.
Or, étant donné que tous les druidismes ont tendance à se référer à ses Triades Bardiques – mêmes les (pseudo)druidismes non-celtistes, bien plus hermétistes, naturalistes, universalistes, primitivistes, essentialistes et que sais-je encore, que celtistes...
(alors que, nous sommes bien d'accord : la religion des Celtes avait des druides, et rien qu'elle)
... il est tout de même heureux de se dire, qu'un brin transhistorique de sagesse druidique, a survécu dans tout ce bordel. 🤩
Mais le plus ridicule, c'est quand tout ce bordel cherche à être aimé !
Les lecteurs du Siège de Druim Damhghaire en savent quelque chose.
Lisez donc cet extrait du chapitre 25 :
« Le roi Cormac dit : ''Allez; tuez l'un des druides, et frappez l'autre, jusqu'à ce qu'il ne lui reste plus qu'un souffle de vie.'' Les druides eurent révélation de cela; ils se séparèrent. Cithruadh rentra au camp, sous une apparence déguisée, afin de ne pas être reconnu. »
__________________
ET POUR LE PIRE : "AWEN"
Ils ne sont pas fiers, les druides, là !
Encore qu'ils aient la puissance de leur divination et de leur ruse !
Or, sachant qu'ils ont été dénoncés par toute la gente au service du roi Cormac – à cause de leurs funestes prédictions pourtant commanditées par Cormac-même – on peut dire que c'est tout le peuple, qu'ils ont contre eux !
Pire encore : des druides se battront même les uns contre les autres dans cette œuvre du « Siège de Druim Damhghaire » !
Et il y a des druides-guerriers !
Vous pouvez toujours chouiner, en disant qu'elle date du XIIème siècle.
Car tout texte conserve une mémoire, toute légende un fond de vérité.
Surtout en ces époques, où l'oraliture|littérature était pour ainsi dire, le seul et unique « média » à disposition !
Colporté par les bardes et autres ménestrels féodaux !
On sait que les aborigènes, ont conservé dans leurs oralitures, des événements plurimillénaires, attestés par diverses sciences croisées...
... il n'y a donc aucune raison pour que nos traditions, quoi qu'évolutives, aient tout perdu.
Et, ce qu'elles ont retenu, c'est que les druides se mettaient sur la gueule, tout en étant parfois détestés par le peuple, voire menacés par le roi.
__________________
L'ORDRE NÉODRUIDIQUE
De nos jours, donc, tout est en ordre, les druides n'ont pas besoin d'être aimés...
... et il va vraiment falloir que vous songiez à arrêter de les supplier de s'unir et de s'aimer...
... dans l'Amour post-monothéiste dont vous ne semblez pas être conscients de vos cœurs.
L'honneur et la vengeance sont spirituellement importants, pour les druides – et pas que pour les druides.
Quand vous voulez de l'Amour, c'est votre ego qui parle.
Les druides, maîtres des éléments selon les textes insulaires, sont les Héros de la Tempête.
__________________
Source de l'image : Heroes of the Storm.
