Phileas Lebesgues, La Fontaine des bois (continuée)
La Fontaine des Bois, Phileas Lebesgues
« La fontaine des bois, qui gouttèle sans bruit
Entre deux pierres de grès rouge,
Est pareille à la peine sourde
Qui me dévore jour et nuit.
La fontaine des bois qui gouttèle sans bruit.
Devient un filet d'eau qui chante avec mystère.
C'est un don du cœur de la terre.
De même de mes vers, entre rêve et sanglot,
Dans le silence de la vie
Clair s'épanche le flot,
Qui n'est qu'amour et divine folie.
L'âme emprisonne la lumière comme l'eau. »
Mais l'eau qui danse et jamais ne s'attarde,
Glisse et s'efface en rives blafardes,
Comme les songes au matin pâlissant,
Ombres fugaces aux vents du présent.
Si claire est la source, et pourtant insondable,
Elle creuse en silence un lit insonorisé,
Ainsi va mon cœur, errant, vulnérable,
À force d'aimer, sans jamais s'épuiser.
Car l'eau qui scintille au creux de la pierre
Ne meurt jamais, même sous l'hiver,
Elle se cache, attend, puis renaît,
Comme un espoir que rien ne défait.
Et mes vers aussi, par la nuit, par l'oubli,
Sur la terre sèche ou sous un ciel gris,
Portent en eux ce souffle d'éveil,
Un feu secret, un élan sans sommeil.
L'âme est un fleuve aux reflets d'étoiles,
Où le temps se brise et s'enroule en spirale…
