Poème de Phileas Lebesgues

Magnifique…

La guirlande de chêne est symbole d'honneur.
Galles, Galice, Galilée et Galicie, Salut et gloire à vous ! Gloire à la Seine, au Rhin, Aux deux Bretagnes, à la Gaule, à la Celtie Entière, et que chacun répète, comme on prie, Notre libre cri souverain :
« Sans l'Honneur, à quoi bon la Vie? » 

À nos Frères de Galles

Nous ne sommes pas venus seuls sur ce rivage Où des Bardes anciens résonne encor la voix, Où se fonde l'accord de la mer et des bois, Où l'âme se marie au rude vent d'orage Pour ouïr les divines voix …

Notre pèlerinage a la couleur du rêve : Lamartine redit l'hymne de l'amitié Qu'un triple écho module et qui vers Dieu s'élève … Que monte au cœur du Chêne une puissante sève ; Qu'il reverdisse tout entier !

Nous ne sommes pas venus seuls dans vos campagnes, Frères Celtes, gardiens du Trésor des Aïeux ; Les grandes Ombres du Passé nous accompagnent, Et leurs fronts couronnés, pareils à des montagnes, Haussent leur gloire jusqu'aux cieux …

Des Druides la noble et blanche théorie, Solennelle, surgit d'un fabuleux lointain : Leur âme à votre foi vivante se marie ; Leur langue a survécu sur la lèvre qui prie À vos foyers soir et matin …

Vous avez rattaché les cordes de la Harpe Qu'Aneurin, Llywarc'h-Hen, Taliésin, Merlin Firent chanter, ayant la Grande Ourse en écharpe, Et, sur la Tour ancrée au rocher de l'escarpe, Vous veillez en robe de lin.

Saint et gloire à vous qui, debout dans l'Épreuve, Avez su traverser les plus sanglants revers Et qui, vers l'Avenir, gardant les yeux ouverts, Sur l'autel de vos dieux plantiez une croix neuve Faite d'un chêne aux grands bras verts.

Et maintenant voici s'ouvrir l'horizon celte ! De l'Océan jusqu'à l'Égée et par delà, Du Tage à l'Elbe et d'Irlande en Inde souffla Le même vent et, dans sa force jeune et svelte, Aux mêmes dieux l'Homme parla …

Mais, de l'Est et du Nord roulant jusqu'à vos grèves, Un flot rude se vint sur l'Europe coucher ; Il ne vous resta plus que l'essaim de vos rêves Palpitant autour du clocher…

Mais par ces rêves le visage de vos frères Vous devient plus distinct. Et nous voici venus Du fond des Gaules, que des feux d'aurore éclairent ; Nous voici pleins de foi, malgré les vents contraires, Pour étreindre vos mains sans plus…

Et cette étreinte est un symbole. Sachons vivre Sous l'invocation du Chêne et du Bouleau. Croyant en la vertu de la Terre et de l'Eau, Mais sentant que l'Esprit par l'Amour seul délivre, Proclamons que ce monde est beau !

Les yeux là-haut fixés sur l'étoile de l'Ourse, Rythmons notre effort lent selon les flots du ciel : Comme abeilles de Dieu, les astres font leur miel De lumière, et toute âme est abeille en sa course ; Elle butine l'éternel…

Par tout ce qui demeure et par tout ce qui change, Grandit Taliesin. Et quand Jésus monta Sur le roc dur et désolé du Golgotha, Il se mit en prière à ses pieds. Il vit l'Ange Planer, quand il ressuscita…

Notre foi dans l'Esprit d'Amour et d'Harmonie Sera comme un pollen sur l'Univers en fleur : Sauvons notre Occident ! Honte à qui le renie ! À l'autel où notre famille communie, La guirlande de chêne est symbole d'honneur.

Galles, Galice, Galilée et Galicie, Salut et gloire à vous ! Gloire à la Seine, au Rhin, Aux deux Bretagnes, à la Gaule, à la Celtie Entière, et que chacun répète, comme on prie, Notre libre cri souverain : « Sans l'Honneur, à quoi bon la Vie ? »

Nous ne sommes pas venus seuls… Ah ! Tous nos morts, Le peuple immense de nos morts en long cortège, Par les chemins de l'eau, du sable ou de la neige, Comme ils étaient vaillants et forts !

Honorons leur mémoire et suivons leur exemple ! Le flambeau qu'aujourd'hui nous haussons dans le vent, Ils en ont emprunté la flamme au jour levant, Et la forêt était leur temple.

Ils n'emprisonnaient pas leurs dieux entre des murs ; Pour eux, le grand Esprit n'avait d'autre visage Que celui de la source où l'étoile, au passage, Mire sa goutte d'argent pur.

Nous qui sentons leur sang bouillonner dans nos veines Et qu'exalte l'appel des astres dans la nuit, Marchons, même blessés, brisés, vers ce qui luit ; Car il n'est point de larmes vaines…

Il ne sera pas dit que, pour rendre meilleur Ce monde tourmenté, nous manquerions de cœur !

L'âme du fier Breton qui refit l'alliance Et qui reçut l'investiture de vos mains Brilla pour nous guider sur la mer en silence ; Le nom de Kaledvoulc'h est lumière et vaillance ; Il a marqué notre chemin !

Phileas Lebesgues, cité par le Grand Druide de Bretagne