Conflits : la réactance néodruidique, et l'Histoire de l'ego

14/07/2024
Mil Espaine, tableau de la Renaissance, par Hermann Tom Ting
Mil Espaine, tableau de la Renaissance, par Hermann Tom Ting

Pour commencer, c'est lassant 😅
C'est lassant, de se renvoyer les uns les autres à l'ego.
Cette année de rédaction de la Charte éthique des Druides, le druidisme a d'ailleurs dû en surmonter beaucoup.
(Comme tant d'autres, les années et les décennies passées !)

Il s'agissait en fait, quasiment toujours, en psychologie sociale de réactance exagérée, balancée sur les réseaux.
Chacun(e) adore se montrer fier et libre !
Chacun(e) cultive son style bien confortablement derrière son écran !

En vrai petit soldat néoceltique du druidisme ! Hhhh...
Tu parles d'une fierté et d'une liberté !
(On applaudit avec les otaries.)

Mais cette année, quelque chose de Nouveau est arrivé : une Promesse D'Avenir.
Puisse-t-elle être alter-égoïste, par tous les Dieux & Déesses ! 🤟

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UN MONDE D'ALTER-EGOS, À LA FAVEUR DE L'ALTER-ÉGOÏSME

L'ego c'est toi, c'est moi, c'est elle, c'est lui, c'est nous, c'est vous, c'est elles, c'est eux !
De la première à la dernière personne grammaticale !
L'ego est tout le monde et chacun 😸

Imaginez un monde sans ego.

Je veux dire, non seulement « sans arrogance » mais réellement « sans ego ».
Monde de « non-egos» – monde « d'in-egos ».

Ce monde serait un monde sans plus personne.
Quiconque ne serait plus rien, aucun.

Voici un jeu de mot français : l'ego nous fait égaux.
Du moins, sur le principe égotique.

Existentiellement, chacun est quelqu'un.

L'ego nous fait alter-egos les uns des autres.
Vu sous cet angle, l'ego prend un tout autre sens :
Il est notre identité, notre dignité dans le Devenir.
Mais aussi notre collectivité, notre solidarité ! 😸

Sur le principe égotique, il est sériel.
Mais cette sérialité est la garantie de l'identité et de la dignité dans le Devenir !
La garantie de la collectivité-solidarité.
L'ego fonde l'alter-ego !
(Albert Camus disait : « Je me révolte, donc nous sommes. »)

Je prône un « alter-égoïsme », dans la démarche.
L'alter-égoïsme ressemble à un altruisme...
... sans la nuance d'abnégation (vertu monothéiste d'auto-reniement).

Car l'alter-égoïsme est fondé sur la reconnaissance, voire l'honneur.

Par altruisme : je m'oublie, on s'ignore les uns les autres (« chacun pour soi et Dieu pour tous, aide-toi et le Ciel t'aidera ») 😩
Par alter-égoïsme : nous nous remembrons (anglais « remember, souvenons »).
« Nous nous associons, nous comptons les uns sur les autres. »

Les malheurs viennent moins de l'ego que de la réactance !
Cette faroucheté teigneuse jusqu'à l'absurde, ayant toujours besoin de défendre son pré-carré !

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AUX ORIGINES LATINES « D'EGO »...

En latin, « ego » est un intensif.

On n'écrivait pas « je » puisqu'il était, comme en espagnol, inclut dans la terminaison.
Par exemple, « uenio » signifie « je viens » : la terminaison O signifie « je ».

Cela signifie-t-il que les Anciens avaient moins d'ego ?
Les Latins disaient « ego » pour dire « moi » avant tout, voire « moi aussi ».
Par exemple : « et in Arcadia ego » – signifie « et, moi aussi, (je suis) en Arcadie ».
(« Malgré le bon temps en Arcadie, moi aussi, je mourrai un jour » – pour rappeler la portée culturelle de cette citation.)
Or, cette citation n'a jamais empêché l'arrogance...
... de la citer, on peut même en éprouver de l'arrogance.
De « l'ego ».

C'est que, face à la mort, les Anciens valorisaient une fière attitude.
De l'honneur.
Ils étaient réactants, là on peut l'être !
L'arrogance, « l'ego », donne la force de dédaigner sa propre fin.
Et non seulement ce dédain est magnifique, mais en plus il est inspirant.
La Vie s'affirme malgré l'inéluctable.
La Vie s'arroge même sa Mort.
Et ainsi, le stoïcien Sénèque d'oser se suicider, sur commande de Néron, pour démontrer sa valeur philosophique.
Entre nous, c'est alter-égoïste :
La Beauté Du Geste, ce sont mes alter-egos, qui la voient ! 😸

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... DURANT LE MONOTHÉISME...

L'ego des philosophes féodaux – tels que René Descartes et son fameux « cogito ergo sum, je pense donc je suis » – est déjà christianisé.

Cet ego a des racines juives : il faut lire le Livre de Job pour l'apprendre. Les Psaumes, aussi.
C'est un ego esseulé, isolé, éperdu, qui craint et qui, à la manière du caméléon, se fige sur place, en espérant ne pas être repéré, qu'une intervention (divine) lui permette de « se sauver ».

C'est Augustin d'Hippone (saint Augustin) – le plus influent Père de l'Eglise – qui espère la grâce dans la foi.
Il y ajoute l'auto-dissection toutefois. « La confession. »
L'ego devient disert, au miroir du Dieu exclusif (car ce Dieu-même est l'Ego Absolu).
Augustin d'Hippone, dans la confession, aime s'en vouloir !
Pour tout, pour rien, il s'en veut ! 😩
« Plais-je à mon Dieu ? » voilà son seul souci !
Il s'achève dans le dialogue intérieur, « le recueillement »...
... donc pas étonnant, que René Descartes, en soit philosophiquement parti !

Faut dire, François René de la Rochefoucault était passé par là.
Il écrivit entièrement contre l'amour-propre !
Il méprisait les vertus aristocratiques, tirées des Anciens !

« Cogito ergo sum, je pense donc je suis »: « ego ergo ego, moi donc moi » !
À cette époque, on ne pouvait plus bien sentir autre chose, que cette intériorité.
Les rigoristes, les intégristes, hurlent évidemment à l'orgueil.
Mais c'est hypocrite.
Avec eux, il n'est plus question d'alter-égoïsme.
L'altruisme est invoqué pour Priver De Beauté !
De toute façon, il n'était plus question de Beauté du Geste depuis un moment...

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... DE NOS JOURS

Quand dans les milieux païens, je vois les uns et les autres s'en vouloir –
– en vouloir à l'ego des autres et des uns...
... je sais que les réflexes monothéistes ont toujours pignon sur rue.

La preuve est même faîte, que tels milieux anti-égoïstes, ne sont pas païens 😩
À moins que, de continuer à se nommer « païen »...
... (du latin ecclésiastique pour « mécréant », sur la base urbaine vaticane, pour « rustre, paysan »)...
... soit chargé d'altruisme nuisible !
Je ne saurai t'enjoindre qu'à l'alter-égoïsme.

Le reste, au fond, n'est que réactance, n'est-ce pas ?

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POUR ALLER AU-DELÀ DANS LE DRUIDISME : MOI, SOI

[Alerte : les traducteurs automatiques ou autres, seront nuls dans la suite. Je conseille aux non-Francophones de comparer avec la version originale, pour situer.]

En français, on dispose des mots « moi » et « soi », comme en écart de soi à soi.
C'est-à-dire que « moi » est auto-perspectif (se voir soi-même), que « soi » est auto-compréhensif (se penser comme un Tout).

Les auteurs et traducteurs de différentes psychologies et sagesses, en ont profité pour distinguer le Moi du Soi.

Communément, « moi c'est moi », c'est-à-dire – sans réflexion – l'identification à l'animation corporelle.
(À l'extrême, c'est le Moi des top-models et des body-builders : il s'anime esthétiquement, il « souffre pour être beau ». Ses pensées sont auto-érotiques, dans l'amour-propre.
Un peu d'amour-propre ne fait certes jamais de mal, mais...
... la réactance française exagère.)

Plus spécifiquement dans différentes psychologies et sagesses, le Moi serait « la petite conscience », « la construction mentale du corps avec son esprit », et en comptant le plus large possible : le Moi serait « la part consciente et préconsciente de notre intériorité, à laquelle s'attache la conscience, soumise aux vents des pulsions et autres complexions »...
... de sorte que le Soi, puisse désigner :

  • ou bien « la personnalité totale avec toutes ses parts inconscientes (pulsions, complexions, parts d'ombre, parts maudites, et même puissances archétypales) » ;

  • ou bien « l'univers spirituel » – océan cosmique dont le Moi (corps + intériorité) ne serait qu'une vague, voire qu'un embrun.

Or, cette notion de « Soi » fait référence – pour les Occidentaux – au panthéisme et à l'hindouisme, avec lesquels le druidisme peut être mis en parallèle [1].

Enfin... sachons raison garder : le Celtisme – avant tout – est polythéiste.
Pire que cela : la notion de Soi, quoi que « transpersonnelle », reste occidentale (notion géopolitique moderne).

Les Celtes n'ont jamais été « des Occidentaux ».

Et je ne dis pas seulement cela, parce qu'on peut mettre les druides en parallèle avec les brahmanes [2]...
... car évidemment, les Celtes n'ont jamais été « des Orientaux » non plus ! 😮
« Occident, Orient » : autant de notions géopolitiques modernes.

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SELF OU NOI DANS LE DRUIDISME

Sauf mes respects – respectivement, pour les Anglophones, les schizophrènes et les autistes – il faut creuser dans des directions étranges.
Tout d'abord pour un Anglophone, il n'y a communément pas la distinction francophone, du Moi et du Soi :
« Self » désigne de manière confuse le Moi (« myself, yourself, etc. ») et le Soi (« Self »).
Dans l'Histoire anglophone, cette distinction est récente, et provient d'abord de la psychanalyse [3] (« Moi » est traduit par « Ego » dans un sens précis ; « Soi » est traduit par « Self » dans un sens élargi)...
... même si, historiquement, les penseurs anglophones se débrouillaient avec d'autres notions, telles que « consciousness, mind, soul, spirit »...
... comme tous les penseurs, d'ailleurs.
Quoi qu'il en soi l'Anglophone moyen expérimente, de ce fait, une confusion plus grande entre Moi et Soi.

Ce n'est pas que le Francophone moyen y ait beaucoup plus réfléchi, non...
... mais c'est que son expérience linguistique, incline à mieux distinguer que l'expérience linguistique anglophone.
Du point de vue anglophone, le Francophone a « des airs schizophrènes ».
(C'est-à-dire de personnalité fragile, en souffrance parce que brisée [4].)
Mais, du point de vue francophone, l'Anglophone a « des airs autistes ».
(C'est-à-dire de personnalité difficile, en souffrance parce qu'isolée [5].)
Cela vient de sa confusion commune entre le Moi et le Soi, même si des démarches psychiques et spirituelles peuvent l'engager vers des distinctions.

Nous pourrions dire, nous autres, Francophones, que les Anglophones introduisent chez nous « le Noi ».
Le Noi est entre le Moi et le Soi [6].
Et le Noi, sonne (en français) comme une coquille de noix.
Il fait du bruit, en anglais « noise ».
Et certes (en français) cause-t-il des noises.

Évidemment, rien à voir avec l'autisme réel, ni même avec le syndrome d'Asperger – pas plus que la distinction Moi-Soi francophone n'a à voir avec la schizophrénie réelle [7]...
... et pourtant, le Noi « autise » dans la démarche.

Le monde occidental en est là :
Même les pays de langues latines tels que la France, sont sujets au Noi anglophone.
Parce que, sans surprise, le monde anglophone domine l'Occident 😩

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MOI, SOI, NOI CHEZ LES CELTES

Les Celtes distinguaient, eux aussi, entre le Moi et le Soi.
Ils n'avaient donc pas de Noi.
Les Celtes avaient un « Me » pour « Moi », voire un « Eco » peut-être parfois écrit « Ego » comme en latin.

D'ailleurs, comme en latin – ou en espagnol – toujours, les Celtes marquaient le « je » d'un O, à la fin des verbes.
Par exemple, « disuelto, j'inverse la rotation/fais demi-tour » [9].

Et donc, les Celtes avaient un « Sue » réfléchi, comme le latin « Se » – « Soi ».
C'est la même chose en breton, cornique, gallois, mannois, gaélique écossais et gaélique irlandais :
On a toujours une racine en M pour « Moi », quoi qu'il y ait une racine en H et en F pour « Soi ».
(Passons les divergences d'évolutions linguistiques, s'il n'y en avait pas entre ces langues comme entre l'anglais et le français... on ne parlerait tout simplement pas de langues différentes.)
Singulièrement, donc, alors que le monde anglophone nous a fait hériter du Celtisme...
... ce monde a perdu la distinction évidente du Moi et du Soi 😮

Les Anglophones l'ont perdue à cause du monothéisme, chez eux libéralisé en protestantismes ré-enracinés dans le judaïsme.
Mais, quant à la France, l'islamisme militant prend de même sur les Francophones, avec son culte de la personnalité de Mahomet...
C'est que les langues sémitiques (hébreu pour le judaïsme ou arabe pour l'islamisme) ne distinguent pas non plus le Moi et le Soi.
Avant tout, hébreu et arabe distinguent le Moi et le Moi-Même, en propre !
Dans leurs genres, ces langues sont dans le champ confus du « (my)self autiste ».

Mais les Celtes étaient plus « schizophrènes » que « autistes »...
... et les Anglophones, pour cela, doivent continuer de s'pirer de la psychanalyse [3], du monde continental en général, et du monde latin en particulier.
C'est-à-dire que, pour retrouver la mentalité des Anciens, les Anglophones sont mal inspirés par leur langue ! 😸
L'anglais est une langue germanique, à la base, mais aujourd'hui les Germanophones font une meilleure distinction « Moi-Soi, Ich-Selbst » que les Anglophones.
(Par exemple, la psychanalyse vient des pays germanophones [3].)
En tout état de cause, cela devrait réduire la propension druidique actuelle à l'individualisme...
... et accroître la propension à l'alter-égoïsme ! 😃
Les druides individualistes [10] sont des contradictions vivantes.
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[1] Parallèle du druidisme avec le panthéisme et l'hindouisme: https://www.facebook.com/diuiciacos.divitiac/posts/122174413076068264
[2] Parallèle entre druides et brahmanes : https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2022/01/16/brahmanes-indiens-et-druides-celtiques-partagent-une-origine-commune_6109681_6038514.html
[3] Je sais bien qu'il est de mode, surtout dans le monde anglosaxon...
... (comme par hasard ? – rapport au propos ici développé, sur le Self-Noi alors que la psychanalyse distingue le Moi du Soi)...
... je sais bien qu'il est de mode, de critiquer l'ascientificité psychanalytique.
Il n'en reste pas moins qu'elle constitua un bond en avant, dans l'Histoire des sciences psychiques, en son temps.
Qu'on l'estime surannée ou non...
... (ou bien qu'on en nuance raisonnablement l'usage...
... comme nuançait Freud, en la prenant pour ce qu'elle est, au lieu d'en faire une panacée...
... contre vents et marées alter-psychanalytiques)...
... l'Histoire est inaliénable.
[4] Personnalité brisée par le Moi et le Soi : pas étonnant, que l'universalisme français cherche à embrasser le monde : il croit ainsi se réconcilier avec lui-même !
[5] Personnalité isolée par le Self : l'individualisme moderne ne vient pas de nulle part.
[6] J'ai choisi la lettre N(oi) d'ailleurs, parce qu'elle se prononce à la croisée de M(oi) et de S(oi).
[7] Schizophrénie qui, pour l'anecdote, n'a rien à voir avec le TDI (Trouble Dissociatif d'Identité) mais bien avec une fragilisation personnelle grave [8].
[8] Enfin on voit bien, à travers ces notions psychiatriques, à quel point l'ego est important, naturel et sain, à la base.
[9] Disuelto : https://www.facebook.com/diuiciacos.divitiac/posts/122175700358068264
[10] Je ne parle ni des marginalisés, ni des aventurés par la force des choses.
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Source de l'image : Mil Espaine, tableau de la Renaissance, par Hermann Tom Ring conservé dans les collections de peinture de l'État de Bavière

Segodanios, tiré de Diuiciacos